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Homélies

CELEBRATION DES CENDRES 2024
 
« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » nous dira le prêtre dans quelques instants en traçant sur notre front une croix de cendres. Heureusement qu’il y a un CAREME par an pour nous remettre à peu près d’aplomb. Que sont devenues les bonnes résolutions de l’an dernier ? Et celles de l’année d’avant ? Les a-t-on oubliées dans la joie pascale et brûlées dans le feu de l’action ? on aurait d’ailleurs mieux fait de les brûler dans le feu de l’Esprit ! L’année dernière (et celle d’avant, et aussi la précédente), nous avons décidé d’arrêter (la cigarette, l’apéro systématique, le chocolat en perfusion, les feuilletons abrutissants, les jeux vidéos ou la télé, que sais-je !). Et nous avons recommencé. Cette année, nous allons recommencer à arrêter avec la ferme résolution de ne pas recommencer à recommencer. Vous me suivez ?
Et pourtant, l’effort de Carême n’a pas pour but de nous améliorer pour être plus contents de nous-mêmes, mais pour être mieux au service de Dieu et de nos frères. L’objectif : progresser dans l’amour, dilater notre cœur pour que le Seigneur ne s’y sente pas trop à l’étroit. Se convertir, au fond, c’est laisser Dieu éclairer nos zones d’ombre, le laisser transformer, purifier, visiter ce qui doit l’être. Nos lenteurs, nos échecs nous découragent. La première grâce à demander en ce début de Carême est peut-être une grâce de patience. Si on se donne que 40 jours pour convertir nos travers et notre cœur, nous nous exposons à quelques déconvenues. Il va falloir durer jusqu’au prochain Carême, puis jusqu’au suivant, et ainsi de suite …la conversion ne s’arrête pas le jour de Pâques avec la livraison des cocottes en chocolat. Nos conversions sont à planifier sur du long terme. Là, j’en ai conscience, je vous donne un coup au moral mais, même en cherchant bien, je ne vois pas comment faire autrement.
On parle beaucoup en Carême d’arrêter tel ou tel chose, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Il y a aussi des choses à commencer : la visite de malades ou des personnes âgées, mais aussi le sacrement de réconciliation, la prière, la lecture de la Parole de Dieu, la prière en famille, un service paroissial. Reste à savoir que changer. Vous ne voyez vraiment pas ? Alors posez la question à votre conjoint, à votre voisin de bureau … ils auront certainement plein d’idées ! La conversion ne concerne pas en priorité ce qui nous dérange, nous. Nous sommes appelés à convertir d’abord ce qui dérange les autres et ce qui dérange le Seigneur. Méfions-nous des efforts de Carême centrés sur notre personne : j’arrête le chocolat comme ça, je rentrerai dans mes robes d’été ! Autant de victoires sur nous-mêmes qui, certes, ne vont pas sans difficulté mais dont les bénéfices vont directement dans notre propre poche. Demandons-nous plutôt quel effort bénéficiera à notre entourage !
 
        
« Voici le temps du salut » : ce temps de conversion peut se vivre avec les 3 piliers que nous propose l’Evangéliste Matthieu : l’aumône, la prière et le jeûne.
*D’abord l’aumône : à chacun d’y répondre, en fonction de sa situation personnelle, de ses possibilités, des différentes circonstances de la vie.
*La prière :
Demander la grâce de la confiance. L’un des ennemis de la paix est le pessimisme ambiant, teinté de cynisme que nous respirons chaque jour. Le pessimisme agit en profondeur, il détruit l’envie d’agir pour les autres, il génère le découragement. Voici quelques pistes pour ce CAREME : chercher des raisons qui procurent joie et paix. Prendre chaque jour un temps pour remercier Dieu. Prier à l’occasion des évènements tragiques et croire que l’Esprit de Dieu agit dans le monde. Chasser les pensées noires. Eviter de lire certains journaux, d’écouter ou de regarder certaines émissions si l’on sent que cela atteint trop profondément notre espérance. Chaque jour, offrir de la joie à quelqu’un.
 
* Enfin le jeûne … un jeûne de nourriture bien sûr mais je vous propose pour ce Carême une autre piste de conversion, un autre jeûne : si nous mettions en pratique la recommandation de David : « garde ta langue du mal, ta bouche des paroles trompeuses ? ». Le corps de l’homme est souvent commandé par sa langue. Et si l’homme peut glorifier Dieu par la louange de sa bouche, nous le savons tous, il peut aussi faire le plus grand mal par tout ce qui sort de sa bouche. Un jeûne de paroles consiste d’abord à exclure de sa vie le mensonge sous toutes ses formes. Voilà un bon programme : s’interdire de tenir des propos vulgaires ou stupides. S’exprimer sans pousser des cris, voire des hurlements. S’efforcer de bien se parler, en famille, au collège …et même au volant de sa voiture ! Il y a là un vaste domaine. A quoi servirait de se privait d’un peu de nourriture si c’était pour ne pas se priver de casser du sucre sur le voisin ? A quoi servirait la prière, s’il ne s’accompagnait pas d’une garde de ses lèvres ?
Connaissez-vous le phénix ?…nous avons redécouvert le phénix grâce au livre et film « Harry Potter ». C’est le fidèle ami de Dumbledore . Le phénix est cet oiseau mythique qui, au moment de mourir, s’immole par le feu et renaît sur-le-champ de ses cendres. Le chrétien qui entre en Carême est un phénix. Il est aussi fier que lui de ses plumes, de ses couleurs puis tout à coup, à cause de ses péchés, il s’envole en fumée. Renaissant de son tas de cendres, il a tout à recommencer mais comment le pourrait-il par ses seules forces ? car pour naître, il faut être engendré. Nul ne peut se donner la vie à lui-même, il ne peut que la recevoir. Le phénix qui renaît est le chrétien qui doit tout à son Seigneur et qui a été pardonné. Seul Dieu donne la vie et son pardon se reçoit comme parole d’amour. Le chrétien est un phénix pardonné, il ressuscite avec son Seigneur.

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